Un horizon de cendres, de Jean-Pierre Andrevon

Premier jour : Au loin, il y a votre voisin. Vous lui faites un signe. Jusqu’au moment ou vous réalisez qu’il est décédé depuis des semaines… Troisième jour : La télé enchaîne les émissions spéciales : partout dans le monde les morts reviennent. apathiques, ils errent au royaume des vivants… Cinquième jour : Paralysé de trouille et de dégout, vous regardez votre femme serrer dans ses bras au beau milieu de votre salon, une chose qui un jour, fut sa mère… Huitième jour : Votre femme vous a quitté après que vous ayez réduit en cendre l’ignominie qu’elle appelait « maman ». Neuvième jour ; La télé diffuse un reportage au cours duquel on voit une de ces choses, dévorer un chat vivant… ils sont désormais des millions et vous ne vous posez qu’une question : mon monde n’est-il pas désormais le leur?

Un horizon de cendres est un roman français consacré aux marcheurs avides de chair fraîche, humaine de préférence, et qui puent la décomposition. Les zombies ont le vent en poupe depuis des années, quels que soient les médias. Les comics remportent la palme avec la série Walking Dead, relayés par la télévision. Le cinéma ne comptent plus les films sur le sujet et les jeux vidéos, je n’en parle même pas. La littérature n’est pas en reste, notamment avec des auteurs comme Max Brooks ou David Wellington. Il ne se passe pas un mois sans qu’un mort vivant ne pointe le bout de ce qui reste de son nez. Ecrit par Jean-Pierre Andrévon, le livre relate donc l’extinction de l’espèce humaine pour cause d’attaque zombiesque. A l’Ouest rien de nouveau, me direz-vous. Je ne peux qu’acquiescer. Même si l’élément déclencheur de l’épidémie n’est cette fois pas d’origine virale, mais cosmique, la succession d’évènements est la même. Que ce soit avec George Roméro au cinéma ou Resident Evil en jeu vidéo, l’histoire se répète. Pourtant, un horizon de cendres régale.
« C’est l’histoire d’un mec … » Une invasion zombie est souvent prétexte à explorer les travers de notre société et les déviances du comportement humain. Roméro est passé maître en la matière, dénonçant tour à tour société de consommation, militarisme, dérives scientifiques, médias et internet. Le roman s’inscrit dans cette veine, parce que l’auteur a l’intelligence de recaler la population zombiesque au second plan. Andrévon se focalise plus sur le comportement d’un homme face à un monde qui change, et la perception évolutive qu’il a en a. Dans cette optique, le récit se scinde en deux parties distinctes. La première raconte l’évolution de la contamination. Le phénomène prend de l’ampleur, les piliers de la civilisation s’effondrent, les autorités sont débordées, aucune réponse à l’attaque n’est possible. Cette première partie est plus contemplative, le héros occupant la position de témoin privilégié de cette fin du monde annoncée. Il prend le temps de consigner toutes ses observations dans un carnet, dont on se demande bien qui pourra le lire. La deuxième moitié du livre est l’exacte opposée de la première.  Le héros se retrouve de plus en plus seul, jusqu’à devenir le dernier survivant d’une espèce éteinte. Il devient actif, organisant la lutte pour sa propre survie dans un monde apocalyptique. Andrévon convoque ici le Richard Matheson de Je suis une légende. Les pages plient sous le poids du désespoir, même si l’humour n’y est pas totalement absent. L’auteur fait de son personnage principal un employé de crématorium, ce qui s’avèrera très pratique lorsqu’il faudra incinérer quelques revenants.
Un horizon de cendres est un roman de zombies terriblement captivant, où la tension est omniprésente du début à la fin.  A défaut d’être novatrice, cette chronique de fin du monde se veut intelligente et bien écrite. Un complément idéal à la lecture de World War Z et Guide de survie en territoire zombie, de Max Brooks.

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